Riyad 2025 : Eloi Adjavon fait vibrer le Togo au duathlon

Sur la ligne de départ, ils sont nombreux, affûtés, concentrés. Parmi eux, un visage que nous connaissons bien : Éloi Adjavon, notre compatriote, notre pari, notre fierté.

Dès la sortie de la course à pied, Éloi est là où il doit être : dans le peloton, au cœur de la course, parfaitement placé. Devant, le Marocain tente le coup de poker : il s’échappe, part seul en tête. Derrière, un peloton de chasse s’organise… et Éloi en fait partie.

À ce moment précis, une chose est claire. Notre triathlète n’est pas venu pour participer. Il est là pour jouer le podium. Il reste dans ce groupe, à l’attaque, lucide, engagé. Course intelligente, course courageuse.

La stratégie iranienne : la course devient un jeu d’échecs

Au milieu du vélo, les Iraniens décident de transformer la course en partie d’échecs à ciel ouvert. Ils sont trois au départ… et ils vont l’utiliser. Deux Iraniens se mettent à attaquer, partent devant, forçant tout le peloton – Éloi y compris – à rouler fort pour revenir.

Pendant ce temps, le troisième Iranien reste tranquillement abrité dans les roues, en économie maximale. Résultat : Les non-Iraniens dépensent de l’énergie à chasser ; l’Iranien resté au chaud préserve ses forces pour la suite.

Ce genre de stratégie d’équipe, c’est ce qu’on voit dans les grandes courses internationales. Et Éloi a dû se battre dedans, seul, face à une équipe organisée.

Sur les dix derniers kilomètres de vélo, la course devient une course d’usure. Les jambes brûlent, le cœur tape plus fort, le cerveau doit rester lucide. C’est à ce niveau que se construit le haut niveau.

Sortie de T2 : Éloi 9e… et encore des ressources

A la sortie de la transition vélo–course à pied, Éloi pointe à la 9ᵉ place. Devant, les deux Turcs lancent une course à pied de feu et vont chercher la 2ᵉ et la 3ᵉ place.

Et Eloi ? Il ne lâche rien.
Il replace sa foulée, il relance, il remonte. Une à une, les places se gagnent au mental autant qu’aux jambes.

Au final, il termine 7ᵉ de la course, au terme d’une épreuve dense, tactique, usante. Pas une 7ᵉ place anonyme. Une 7ᵉ place dans le match, au contact des meilleurs, là où tout se joue.

Pourquoi cette course compte vraiment ?

Aujourd’hui, on n’a pas seulement vu un Togolais dans un triathlon. On a vu un athlète capable de rester dans le paquet qui compte ; un Togolais présent dans les décisions de course, pas à l’arrière-plan ; un compétiteur qui progresse, qui apprend à gérer les stratégies d’équipe, le rythme, la pression.

À la fin de la course, le message est simple : « Fais-nous ce genre de course le jour des grands rendez-vous. Reste dans le paquet, dans la bataille, fais-nous vibrer. C’est exactement ça qu’on veut. »

A Riyad, Eloi nous a montré quelque chose de précieux : il a le niveau pour être dans la vraie course. Pour un pays comme le Togo, qui construit pas à pas sa culture du triathlon et du sport de haut niveau, ce n’est pas “juste” une 7ᵉ place. C’est une preuve, un signal, une promesse.

A tous les supporters du Togo et du triathlon : « Gardons ceci en tête — ce que nous avons vu aujourd’hui est une étape, pas une fin. La route continue… et elle s’annonce passionnante », a déclaré Benjamin Boukpeti, président de la Commission Préparation Olympique et Sport de Haut Niveau.