L’olympisme face aux transformations technologiques majeures : IA et sports électroniques (Dossier)

Dans le groupe de travail II Francophone au sein duquel a travaillé Falilatou Dogo, il est question d’étudier comment l’IA peut impacter le développement du citoyen à travers un programme d’éducation olympique, tout en préservant l’humanisme et l’éthique.

Selon ce groupe de travail, l’IA offre des leviers puissants pour renforcer l’éducation olympique. Elle permet de personnaliser l’apprentissage dès le plus jeune âge, par exemple en repérant les besoins des jeunes selon leur contexte local, au service de leur bien-être global. Elle constitue un soutien stratégique pour les entraîneurs, en les aidant à planifier et adapter les entraînements plus efficacement. Elle peut aussi favoriser la transmission des valeurs olympiques via des plateformes interactives ludiques, animées par des jeunes ambassadeurs. Elle est un gain de temps et peut aider à aller plus loin dans des projets d’éducation olympique.

Cependant, pour garantir une utilisation éthique, il est essentiel de préserver le lien éducateur-apprenant, de définir une charte d’usage claire et de mettre en place un mécanisme de régulation reconnu à l’échelle internationale.

Freins à l’intégration de l’IA dans l’éducation olympique

Malgré ces avantages, précise ce groupe de travail, l’IA soulève plusieurs limites. Le manque de matériel technologique, notamment dans certaines régions du monde, le coût élevé, l’impact environnemental et l’inégalité d’accès constituent des obstacles majeurs. S’ajoutent des enjeux liés à la résistance au changement, la faible compréhension de l’IA, et les risques éthiques : respect des données personnelles, perte d’interactions sociales ou dérives liées à l’usage des chatbots. « L’usage perpétuel de l’IA pourrait restreindre la capacité de réflexion humaine », signale le groupe.

Sans prétendre apporter des réponses absolues, leur réflexion sur l’intégration de l’IA dans l’éducation olympique a conduit à formuler quelques recommandations concrètes, à la fois pédagogiques et éthiques : « Utiliser l’IA pour personnaliser les parcours d’apprentissage, en adaptant les contenus selon l’âge, le niveau, la langue ou les besoins spécifiques, développer des plateformes éducatives interactives basées sur l’IA, incluant des quizz, simulateurs ou jeux autour des valeurs olympiques, en sensibilisant des porte-paroles comme les jeunes ambassadeurs, élaborer une charte éthique sur l’usage de l’IA dans les programmes éducatifs olympiques, portée par une autorité comme le CIO, conserver la place centrale de l’éducateur, en veillant à ce que l’IA reste un outil de soutien pédagogique, non de substitution, dans la relation éducative. »

Le groupe de travail II Francophone soutient que l’Intelligence Artificielle, bien utilisée, peut devenir un levier puissant au service de l’éducation olympique. Elle permet de rendre l’apprentissage plus accessible, personnalisé et interactif, tout en facilitant la transmission des valeurs fondamentales de l’olympisme. Toutefois, son usage doit rester éthique, encadré et centré sur l’humain, afin de préserver l’esprit du sport et la mission éducative du Mouvement olympique.

Les e-sports façonnent la nouvelle ère numérique du sport et de l’éducation

Au chapitre des e-sports (sports électroniques), cette 18^ème session a démontré comment leur introduction dans les établissements scolaires représente une opportunité innovante pour moderniser l’éducation et rapprocher les jeunes des outils numériques de manière pédagogique. Ces disciplines numériques suscitent un fort intérêt chez la jeunesse, favorisent la motivation, développent des compétences transversales telles que la concentration, le travail en équipe, la stratégie ou encore la gestion du stress. En plus d’être un moteur d’inclusion pour les élèves en situation de handicap ou peu attirés par les sports traditionnels, les eSports peuvent également ouvrir des perspectives professionnelles dans le secteur du numérique, des jeux vidéo ou de la communication digitale.

Mais pour tirer le meilleur parti des eSports dans système scolaire, il est essentiel d’adopter une approche équilibrée : encadrer les temps d’utilisation, sélectionner les contenus à valeur éducative et sensibiliser les élèves à une utilisation saine et responsable du numérique, collaborer avec les parties prenantes, préserver le bien-être et l’éthique des apprenants en offrant un écosystème favorable, associer l’agréable à l’utile.

Il est recommandé une intégration réfléchie de la technologie et de l’IA dans le monde olympique, tout en renforçant les structures éducatives existantes. L’Olympisme doit évoluer sans perdre ses fondements, en garantissant à la fois inclusivité, accessibilité, durabilité, éducation et respect de l’humain.

La session de cette année a réuni 150 participants venus des cinq continents du monde. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée dans une ambiance d’unité et d’anticipation, marquée par les allocutions de bienvenue du président de l’Académie Internationale Olympique, Charilaos Tsolakis et du président du Comité Olympique Hellenique, Isidoros Kouvelos, qui ont réaffimé leur engagement à faire progresser les valeurs olympiques par l’éducation, l’innovation et la collaboration internationale.

Cette première journée s’est achevée par un discours et une table-ronde animée par Son Altesse Royale le Prince Faisal bin Bandar bin Sultan Al Saud, président de la Fédération Internationale d’E-sports et le Directeur de l’Académie Internationale Olympique sur l’impact mondial et l’importance culturelle des sports électroniques. La discussion a suscité un dialogue constructif entre les délégués sur la manière dont les formes émergentes de compétition numérique peuvent s’aligner sur l’esprit olympique, voire le renforcer.

Les panels ont porté sur des thématiques intéressantes, notamment « faire progresser l’agenda olympique de l’Intelligence Artificielle comme catalyseur du développement athlétique », « la couverture télévisée mondiale des Jeux Olympiques et l’impact de la révolution de l’Intelligence Artificielle » et « les défis éthiques de l’Intelligence Artificielle pour l’éducation olympique ».